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22 février 2010

Carnet du redoux

P1000633.JPGL’infatigable nature joue son grand théâtre d’hiver derrière mes fenêtres. Le vent du redoux a redressé les frênes alourdis de neige et de glace. La semaine dernière, j’ai creusé à grand-peine, tout au bout de la propriété, dans un sol gelé, la tombe du rat que j’avais pris en pension et qui a finalement mené une grande partie de sa vie dans une cage installée dans mon bureau. Hier, une matinée de soleil a réveillé des couleurs de printemps dans les frênes déjà piquetés de leurs bourgeons noirs qui sont en réalité violets si on les observe de près. En fin d’après-midi, j’ai profité de cette accalmie pour me ravitailler en petit bois. Je n’ai qu’à tendre la main sous les frênes pour me servir. Le vent secoue leurs ramures cassantes et il ne reste plus qu’à faire un bon fagot. Ma récolte a crépité sous des bûches de charme et de foyard héritées des dernières coupes affouagères de mon père. Je veux lire un salut de sa part dans les bonnes flammes du foyer. Dehors, de nouvelles bourrasques préparent mes prochains fagots. Le moment est propice à l’écoute de Scenes from the Bavarian highlands d’Edward Elgar (1857-1934) 599px-Edward_Elgar.jpginterprétées par the Cambridge University Chamber Choir dirigé par Christopher Robinson avec Iain Farrington au piano (disque Naxos 8.570541). À l’autre bout du séjour, derrière la baie vitrée, je distingue le chat qui me fixe avec perplexité et dresse les oreilles au moindre de mes mouvements. Avant le repas, lecture de quelques pages de9782809700909.jpg La Brocante Nakano de Kawakami Hiromi (éditions Picquier poche) et du dernier chapitre du roman de878511464.jpg Raymond Alcovère, Le Bonheur est un drôle de serpent (éditions Lucie). Pas de digestif car j’ai bu un Isle of Jura « Superstition » (le seul tourbé de la gamme) à l’apéritif, mais un petit Havane tout de même, fumé sous la lanterne de la porte d’entrée, à l’abri du vent qui est l’ennemi du cigare. Je vais encore me coucher trop tard et j’aurai demain la tête dans le sac au moment de travailler au tapuscrit définitif du livre à paraître aux beaux jours.

Photo d'Edward Elgar prise ici.

Photo : promenade en raquettes dans un sous-bois d'épicéa.

09 août 2007

Elgar à la rescousse

191c07e61d8967d7815f720361dcc78c.jpgAinsi que cela se produit fréquemment lorsque je suis bloqué sur une scène du roman en cours d’écriture, c’est la musique qui me vient en aide et qui me révèle d’un coup la solution. Cette promenade dans les dunes ne menait pas mon personnage où je voulais mais mon écoute intensive, ces jours-ci, des Sea pictures (Marines, en français) d’Edward Elgar, me remet sur le bon sentier.
Les premières notes de cet opus 37, c’est tout simplement l’apparition subite de l’océan derrière la dune, comme pour la première fois ou comme après une longue absence.
Quand je pense qu’il fut un temps, à l’époque de ma découverte d’Elgar, où j’écoutais sa musique presque au second degré...

En couverture du disque : Sir Edward Elgar (1857 - 1934)